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Nocebo · De quoi ça parle ?

NOTE D'INTENTION

par Hervé Guerrisi et Gregory Carnoli


Nous sommes Hervé Guerrisi et Gregory Carnoli.

Nous voulons savoir où nous allons.

Si pour savoir où on va, on pouvait... regarder vraiment « où on va » ?

Si nous osons regarder le futur dans les yeux, nous, humains, européens privilégiés de 40 ans, notre espérance de vie se situe aujourd’hui aux alentours de 83 ans, en 2064.

Nous sommes face à notre mort, mais pas seulement nous; toute l’Humanité s’entend dire que l’effondrement est inévitable.

Mais alors à quoi bon ?

À quoi bon rêver, à quoi bon construire, à quoi bon résister ?

Cela fait 4 ans que nous sommes en tournée avec L.U.C.A., un spectacle qui veut déconstruire les frontières, rassembler les humains. De nombreux autres spectacles prônent avec nous l’amour de l’altérité, de la diversité, et la haine du racisme.

Mais au final nous sommes bien obligés de constater que les scores des partis d’extrême droite n’arrêtent pas de croître en Europe ! En outre, durant la pandémie, aux yeux de nos politiques, nous sommes devenus inutiles, "non essentiels".

Et puis, pendant un bord de scène, nous sommes pris à parti par une spectatrice:


Si vous vouliez vraiment aider les migrants, vous ne seriez pas sur scène, vous seriez sur un bateau dans la Méditerranée pour sauver des vies...


Aujourd’hui, la remarque de cette spectatrice brûle encore à l’intérieur de nous.

Est-ce que l’engagement des artistes au sein des projets théâtraux a un réel impact dans la société?

Comment continuer à donner un sens à notre métier ?

Nous avons joué L.U.C.A. 215 fois sur les 4 dernières années. Avec une moyenne de 250 spectateurs par soir, nous avons donc rencontré environ 54000 personnes. La très grande majorité de ces personnes partagent nos opinions et se retrouvent dans nos idées humanistes.



Mais une fois sortis du théâtre, on a l’impression que ces spectateurs sont aspirés à nouveau dans une réalité conditionnée par le discours dominant dans lequel pessimisme et catastrophisme sont la norme.

Nous sommes ébranlés par la remarque de la spectatrice, nous voulons y répondre avec NOCEBO. Car nous gardons la conviction que la poésie, l’imaginaire, la création, la résilience culturelle sont fondamentaux et ont un impact ! Surtout si l’on veut être capable d’inventer un autre futur que celui qui nous est imposé de manière fataliste par les médias, les réseaux sociaux, la pensée pessimiste qui se maquille de réalisme.


Comment est-on parvenu à une culture qui, de manière constante, presque par réflexe, tourne en ridicule les visionnaires ? À qui appartient cette conception de la réalité qui nous force à "être réalistes" ?

Quand nous a-t-on appris qu’il fallait étouffer nos illusions, et d’où vient cette injonction ?

Donella Meadows, co-autrice de l’étude Les Limites à la croissance


Pour sonder notre futur, nous irons voir des voyants, nous parlerons avec des scientifiques, des généticiens... Et à travers cette fable personnelle, nous raconterons une quête universelle.


Le futur est modelé, façonné par les histoires que nous racontons aujourd’hui et que l’imagination est le seul moyen de transformer notre futur de manière concrète. Rob Hopkins.




L’EFFET NOCEBO


L’effet Nocebo décrit un mécanisme psychologique et physiologique lié à la prise d’une substance neutre.

Le simple fait de connaître d’éventuels effets secondaires liés à la prise d’un médicament peut provoquer de manière réelle l’apparition de ces effets secondaires si le patient croit qu’il est traité par ce médicament. Autrement dit, si on se focalise sur les possibles problèmes... on a plus de chance que cela se passe mal.

Mais surtout, si on se focalise sur ce qui pourrait bien se passer, il y a plus de chances que cela se passe bien !

Notre sensation est que cela devient révolutionnaire de dire que les choses iront bien.

Or, pour changer notre futur, il faut changer notre perception de nous-mêmes.

C’est ce que l’art permet de faire.

Nous sommes les histoires qui nous ont construits.

Donc nous serons les histoires que nous racontons aujourd’hui.

 

30.11, 01.12

Théâtre de La Louvière



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